l'escargot et les fourmis (2)

Publié le par Emilie

  Après un tel procès l'escargot ébranlé

Se condamna lui-même aux galères forcées

Et lutta jour et nuit contre ses bas instincts

N'acceptant de répit qu'aux moments opportuns.

 

Au début il pensa ce combat impossible.

Comment rayer d'un trait sa nature sensible ?

Comment se corseter, agir comme il faut ?

Comment se museler, cacher tous ses défauts ?

 

Il y parvint pourtant en en payant le prix,

Son corps au garde à vous et son âme meurtrie.

Plus une seconde sans se faire violence

Et vivre sous le joug de dame vigilance.

 

Désormais similaire, passant inaperçu

L'escargot mécanique avait atteint son but.

Mais malgré ses progrès pas la moindre fierté

Ne vint combler le trou dans son identité.

 

C'est ainsi qu'il errait, à l'affût, concentré,

Les tentacules fixes et surtout sans baver

Tant et si bien tendu qu'il passa sans voir

La petite fourmi au si tendre regard.

 

Mue par la pitié elle approcha de lui

Et demanda, naïve, où étaient ses amis.

L'angoisse le saisit, que voulait cette enfant ?

Le voyant affolé, elle enchaîna gaiement :

 

"Oh ! La solitude est une chose terrible

Qui peut tuer parfois et qui rend irascible.

Tu dois la redouter, t'en tenir écarté

Ou bien c'est la folie qui pourrait t'emporter.

 

Mais tu es très chanceux puisqu'enfin me voilà !

Ma famille est nombreuse et t'ouvrira les bras.

Accompagne moi donc à notre fourmilière

Tu y auras ta place, un gîte et le couvert."

 

Quelque peu hébété, l'escargot s'échina

A suivre son discours tout autant que ses pas.

Dans un flot continu de mots et de promesses

Elle le distanciait malgré sa gentillesse.

 

A plusieurs reprises elle revint sciemment

Le soutenir au mieux mais immanquablement

Les encouragements devinrent des pressions

Qui se firent menaces, voir intimidations.

 

Ce drôle d'équipage au manège incommode

Attira l'attention d'un vieux gastéropode

Qui ne pût s'empêcher de les interpeler

D'une façon des plus honnête et empesée.

 

Quand il eut décodé ce qui se jouait là

Sans aucun jugement son rire raisonna

Puis il prit le temps d'expliquer aux complices

Toutes les différences entre les deux espèces.

 

D'un côté limaçon, casanier esseulé,

De l'autre myrmidon vivant en société.

La petit fourmi, pleine de déception

De n'avoir à sauver une âme en perdition

 

Se résolut enfin à quitter cette histoire.

L'escargot quant à lui ne pouvait pas y croire.

Tout s'éclairait soudain, au vue de sa nature.

D'autres étaient comme lui, finie cette imposture.

 

Ses efforts insensés prenaient fin aujourd'hui.https://ssl.gstatic.com/ui/v1/icons/mail/images/cleardot.gif

Il allait désormais prendre soin de sa vie.

N'écoutez que vous même, au fond vous savez mieux

Que quiconque où trouver ce qui vous rend heureux.

Publié dans Poème

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