Ode à ma plume
Ma plume est libre et capricieuse. Elle n'entend rien.
Parfois j'étouffe, j'veux qu'elle se saoûle à mon trop-plein.
Mais elle est libre et reste sobre. Y'a pas moyen.
On pourrait croire qu'elle est à moi, qu'elle m'appartient.
Mais elle est libre et capricieuse. C'est tout l'contraire.
C'est moi l'esclave qui obéit et qui la sert.
J'voudrais qu'elle plie, qu'elle crache des mots, quand j'ai envi. Mais j'peux rien faire.
Elle prend son temps, le nez en l'air. C'est pour mon bien.
Ma plume a faim, elle est vorace. Je la néglige.
Ma plume a faim, elle veut des larmes mais je n'ai rien.
Ma plume a faim. Elle hurle en vain. Je la fais taire
A grand coup de quotidien et je l'enterre.
Alors elle creuse. Elle est vorace et elle a faim.
Elle bouffe mes tripes et comme un vers se fraie un ch'min.
J'voudrais crier, la dégueuler sur le pavé. Mais j'peux rien faire.
Parce que je l'aime et que sans elle, je n'suis plus rien.
Ma plume et moi on s'est fâchées. On n'se parle plus.
J'suis fainéante, jamais à l'heure. Je l'ai déçue.
J'agite les bras. Je brasse de l'air, du superflux.
J'écoute ma tete au lieu du coeur. Elle support'plus.
J'veux du parfait. J'veux etre aimée. J'veux etre lue.
Mais j'fuis mon coeur. J'écoute ma tete. Je l'ai perdue.
Alors je lance comme une promesse ces quelques vers, je vais tout faire
Pour te servir, pour te nourrir. J't'oublierais plus.